Interview : Damien Seguin

Skippeur français né sans main gauche, Damien Seguin a décroché trois médailles aux jeux paralympiques de voile et cinq titres de champion du monde, avant de se lancer dans des célèbres courses au large.

Gresham et vous

Skippeur français né sans main gauche, Damien Seguin a décroché trois médailles aux jeux paralympiques de voile et cinq titres de champion du monde, avant de se lancer dans des célèbres courses au large, telles que la Route du Rhum et la Transat Jacques-Vabre.

Sponsorisé depuis 2018 par le groupe Apicil, il a été le premier skippeur handisport à boucler le Vendée Globe en 2020. Dans cette interview, Damien Seguin explique comment la gestion des risques peut consituer un élément de performance.

Si l’objectif de cet investissement est d’intégrer de façon systématique des critères non-financiers – environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) – à la gestion financière, les méthodologies diffèrent dans l’approche ISR.

Comment en êtes-vous arrivé à ce niveau de compétition et quelles sont les clés de vos succès ?

“Mon entrée à l’école nationale de voile de Saint-Pierre-Quiberon à l’âge de 19 ans a été le facteur déclenchant. C’est une véritable structure de haut niveau, qui m’a formé dans l’optique de pouvoir un jour participer aux jeux olympiques. J’y ai pris conscience de mon potentiel et de l’ambition sportive que je voulais donner à ma carrière.

Pendant quinze ans, j’y ai préparé toutes mes participations aux jeux paralympiques et aux championnats du monde.

Mon entourage – ma famille et mes deux entraîneurs – ont placé une grande confiance en moi et m’ont aussi permis de créer un environnement propice à la performance. Pour arriver à ce niveau, j’ai dû faire preuve d’une motivation sans faille et d’une forte exigence envers moi-même, y compris dans les moments les plus difficiles.

Lorsque l’on gagne son premier titre de champion du monde, il faut savoir se remettre en cause en permanence pour continuer à progresser, car la concurrence n’attend jamais. La persévérance est centrale, et je pense que c’est une des clés du succès pour tout sportif de haut niveau.”

Le Vendée globe est une course de plus de 80 jours en solitaire en mer sans assistance, considérée comme l’une des épreuves les plus difficile pour les marins. Quel est votre rapport au risque ?

“Nous avons trop souvent tendance à nous focaliser sur l’aspect « mise en danger ». Le revers de cette posture, c’est de ne plus oser entreprendre. Si nous regardions les statistiques des accidents de la route chaque matin avant de prendre la route, beaucoup n’oseraient plus monter dans une voiture… Je n’ai aucun déni vis-à-vis de ces risques ; ils font partie intégrante de l’aventure et de mon sport, mais il faut en avoir conscience sans que cela devienne un facteur limitant.

Tout l’enjeu est de mettre les bonnes techniques en place pour éviter les incidents. Cela nécessite une forte préparation et une bonne connaissance de soi et de son bateau. Bien sûr, le risque zéro n’existe pas, mais la prise de risque est indissociable de la performance. En fonction des courses, il faut savoir placer le curseur prise de risque/performance à des niveaux différents, et le réajuster en permanence.

Par exemple, lors mon premier tour du monde dans le cadre du Vendée globe, l’objectif de départ était davantage d’arriver au bout que de réaliser un temps record. Après trois mois de course, voyant ma capacité à tenir le rythme et la robustesse de mon bateau, j’ai choisi de pousser le curseur performance un peu plus loin…

Mon handicap m’aide en un sens à maîtriser ce rapport délicat, et aussi à rester lucide ; il m’a très tôt permis d’avoir une connaissance précise de mes forces et faiblesses, sans pour autant me limiter.”

Comment la rencontre avec le groupe Apicil s’est-elle déroulée ?

“J’ai quitté le monde de l’équipe de France en 2016, après mes derniers jeux paralympiques à Rio, pour me lancer dans une carrière de skippeur professionnel. J’ai donc dû monter des projets sportifs et, pour les réaliser, trouver des partenaires financiers. En recherchant un sponsor, j’avais à cœur de trouver une entité en accord avec les valeurs que je défends au quotidien, en tant que sportif issu du monde paralympique et créateur de l’association Des pieds & des mains, qui mène beaucoup d’actions dans le monde du handisport.

Mon souhait s’est concrétisé en 2018 par la rencontre avec le groupe Apicil, qui est très investi dans l’inclusion, le respect des différences et la lutte contre les vulnérabilités. Nous avons connecté immédiatement et le partenariat s’est poursuivi jusqu’au Vendée globe 2020-2021. Nous sommes d’ailleurs en passe de prolonger l’aventure jusqu’au Vendée globe 2024 !

L’histoire est belle et continue de s’écrire.”

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