ISR : état des lieux et tendance de marché

L’investissement socialement responsable (ISR) vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises de tous les secteurs d’activité qui contribuent au développement durable.

Marchés financiers

L’investissement socialement responsable (ISR) vise à concilier performance économique, impact social et environnemental en finançant les entreprises de tous les secteurs d’activité qui contribuent au développement durable. Il est aujourd’hui au cœur de l’attention des investisseurs.

Si l’objectif de cet investissement est d’intégrer de façon systématique des critères non-financiers – environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) – à la gestion financière, les méthodologies diffèrent dans l’approche ISR.

L’analyse ESG, socle de la gestion ISR

En France, le label ISR a été créé en 2016 par le ministère de l’Économie et des Finances pour offrir une meilleure lisibilité aux OPCVM (SICAV et FCP) qui appliquent les principes de cette gestion, en leur donnant un cadre normatif.
Au 11 janvier 2021, il était attribué à 629 fonds accessibles aux investisseurs particuliers sur le marché français, dont 10 fonds immobiliers.

Le label ISR a la particularité de ne prévoir aucune exclusion sectorielle. Pour être labellisés, les fonds doivent détenir des titres analysés sur les critères ESG pour une part supérieure à 90 % du portefeuille. Ces critères peuvent par exemple concerner les émissions de CO2 ou la consommation d’électricité pour le pilier « E », la qualité du dialogue social ou la formation des salariés pour le pilier « S », ou encore la transparence de la rémunération des dirigeants ou la lutte contre la corruption pour le pilier « G ».

Ils ont également pour obligation, depuis octobre 2020, de démontrer que les entreprises sélectionnées sont plus vertueuses que leur univers d’investissement sur au moins deux indicateurs ESG (par exemple sur l’empreinte carbone du portefeuille). Enfin, les fonds doivent mener une approche d’engagement dans les sociétés investies, notamment en matière de vote en assemblée générale.

Si les exigences sont de plus en plus précises, les critères demeurent variables selon les sociétés de gestion, car l’ISR demeure une approche en construction.

À savoir : la labellisation ISR concerne également des fonds immobiliers (SPCI et OPCI) et des fonds alternatifs (FIA).

Différentes approches de sélection ESG

Au-delà du label ISR, les critères ESG guident les sélections d’un nombre croissant de gérants :

– l’approche « best-in-class » consiste à retenir les entreprises les mieux notées dans leur catégorie, généralement au sens de secteur d’activité ;

– l’approche « best-in-universe », dans la même logique, se réfère non pas à un secteur, mais à un univers d’investissement ;

– l’approche « best-effort » valorise le progrès par la mesure des efforts constatés pour améliorer les pratiques ESG ;

– l’approche « best-in-progress », qui s’applique aux fonds immobiliers, engage le gestionnaire à réhabiliter des biens immobiliers anciens pour améliorer leurs performances énergétiques.

Si l’approche best-in-class, plus ancienne, reste aussi la plus répandue, la tendance est au développement des approches basées sur l’amélioration de notes.

Fonds éthiques : de l’exclusion pure à une démarche globale

Les premiers fonds éthiques pratiquaient essentiellement des exclusions sectorielles – en éliminant de leur périmètre d’investissement des activités controversées (tabac, alcool, armes…) – et normatives. Ces dernières concernent les entreprises qui ne respectent pas les normes et conventions internationales (travail des enfants, par exemple). Pour être assimilés à des fonds ISR, ces fonds ajoutent désormais une analyse ESG.

Des fonds thématiques de plus en plus responsables

Les fonds thématiques n’ont cessé de gagner en popularité ces dernières années. Ils axent leur gestion sur un thème particulier, lié par exemple à l’eau, aux énergies renouvelables, au soin des personnes âgées, à des activités technologiques comme l’intelligence artificielle, ou encore sur des thématiques sociales (santé, vieillissement de la population, consommation responsable).

Ils ont bénéficié d’un alignement d’intérêts entre une réglementation plus exigeante en matière de prise en compte des critères extra-financiers et la situation sanitaire, qui a ravivé les enjeux environnementaux et humains auxquels notre société est confrontée. Ainsi, la collecte des fonds dédiés aux thématiques sociales a augmenté de 69 % au troisième trimestre 2020, par rapport au début de l’année.

Les performances de ce type de fonds ne font que renforcer leur attractivité. Les encours investis en thématiques ESG avoisinent ainsi au total 100 milliards d’euros, tirés par les fonds verts – lesquels sont composés d’actions ou d’obligations d’entreprises dont une part importante du chiffre d’affaires provient d’activités liées à l’environnement – qui totalisent pour leur part plus de 59 milliards d’euros d’encours sur le marché français.

Novethic, le centre de recherche et d’information sur la finance durable, filiale de la Caisse des Dépôts, recensait plus de 216 fonds thématiques au 30 septembre 2020 (totalisant 91 milliards d’euros d’encours) :

– 108 fonds sur des thématiques environnementales (59 milliards d’euros)

– 35 fonds sur des thématiques sociales (11 milliards d’euros)

– 73 fonds multi-thématiques (21 milliards d’euros)

Face à cette diversité, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a publié, en mars 2020, un document d’information et de recommandations. Pour l’institution, les caractéristiques extra-financières doivent être un élément central de la communication, et ainsi figurer dans la dénomination du placement collectif ou dans la documentation commerciale. Pour Novethic, près de 90 % des fonds thématiques combinent une sélection thématique à une analyse ESG globale, voire une sélection plus restrictive (avec les approches best-in-class…) en ligne avec les attentes de l’AMF.

En matière environnementale, le label Greenfin a été créé par le ministère de la Transition écologique pour mobiliser une partie de l’épargne au bénéfice de la transition énergétique et écologique. Pour l’obtenir, un fonds d’investissement doit justifier qu’il mobilise un pourcentage majoritaire de ses actifs dans des activités durables qui entrent dans huit catégories (énergie, bâtiment, gestion des déchets et contrôle de la pollution, industrie, transport propre, technologies de l’information et de la communication, agriculture et forêt et adaptation au changement climatique). Cinquante-cinq fonds étaient labellisés Greenfin début janvier 2021, totalisant 17 milliards d’euros d’encours.

Quelle que soit la stratégie envisagée, l’analyse de la situation familiale de chaque investisseur par un conseiller patrimonial au travers d’un bilan personnalisé constituera un préalable. Un soin particulier sera porté à l’horizon d’investissement et au profil financier de chaque investisseur.